Les Dieux ont soif

Publié le par Josep

 

Le début de la gloire…

Les Al­le­mands dé­guer­pis­sent de Brioude (43100), le 11 août 1944, à la tom­bée de la nuit ; les FFI et les FTP, eux, se pré­pa­rent pour le len­de­main ma­tin à y faire une en­trée glo­rieuse. Ar­rê­tant aus­si­tôt de nom­breux ha­bi­tants. Dans la nuit, on les  « ju­gea  ». Onze d’entre eux fu­rent fu­sillés. Ce sont MM. Xa­vier Ar­chaud, no­taire, 32 ans, Elie Bas­tou, contre­maître, Bou­dier, re­pré­sen­tant de com­merce, âgé de 72 ans, Charles Bour­ne­ton, em­ployé d’in­dust­rie, 50 ans, Bru­ge­rolle, em­ployé à la SNCF, Du­mas, dro­guiste, 48 ans, Du­rand, agent d’as­su­rances, en­ga­gé comme simple sol­dat en 1914 et re­ve­nu ca­pi­taine, dé­co­ré de la Croix de guerre et de la Croix de la Lé­gion d’­Hon­neur, Louis Le­bat­teux, com­mer­çant, 30 ans, les deux frères Mes­na­ta, hô­te­liers dont les Al­le­mands avaient in­cen­dié l’é­ta­blis­se­ment, et Jac­ques De­jax, 19 ans, étu­diant en droit. Ils fu­rent fu­sillés l’un après l’autre, après avoir été dés­ha­billés, et sans au­cun se­cours re­li­gieux. Leurs corps fu­rent je­tés dans une fosse com­mune où ils fu­rent dé­cou­verts par leurs fa­milles et mis en bi­ères. Mais les pa­rents fu­rent contraints de les réinhumer au même en­droit…

La cour mar­tiale qui condam­na à mort les onze fu­sillés du 12 août était pré­si­dée par un fonc­tion­naire des Contri­bu­tions in­di­rectes à Brioude, un fonc­tion­naire du Tré­sor, qui fut de­puis dé­pu­té et qui fut membre de l’As­sem­blée de l’U­nion fran­çaise, rem­plis­sait les fonc­tions de com­mis­saire du gou­ver­ne­ment. L’un des juges était le  « com­man­dant » Mas­sat, qui n’é­tait pas son vé­ri­table nom, mar­chand de bi­cy­clettes, plus tard condam­né pour dé­lits de droit com­mun.

Bien avant la  « li­bé­ra­tion », 29 avril 1944, M. Di­jon, maire de Brioude, et sa femme avaient été as­sas­si­nés.

Injustice…

Il ar­rive, tout de même, que  « l’im­pos­ture » soit fla­grante. Ain­si, à Ber­ge­rac (Dor­dogne) un ma­qui­sard Ro­ger P... , fut ar­rê­té. Mo­tif : le 5 juillet 1944, il as­sas­si­na à coups de mi­traillette un cartes.viennejeune homme de 19 ans, Jo­seph Ca­bi­rol, à Saint Gé­raud de Corps (24700). Le mo­tif du crime était la jalousie. Soulignons que ce dé­par­te­ment de la Dor­dogne est l’un de ceux où les  « exé­cu­tions » ont été les plus nom­breuses.  Mais pour­quoi donc fu­rent ar­rê­tés MM. Fran­çois, Pierre et Er­nest Rat­tin, tous trois Ita­liens, éta­blis comme cul­ti­va­teurs à Mo­lières (24480), et  « abat­tus » le 22 juin 1944 au châ­teau de Barbe ; de M. Hu­bert Guillaume, dont le ca­davre ex­hu­mé le 15 dé­cembre 1944 en pré­sence du par­quet de Ber­ge­rac avait les mains cou­pées et la tête écra­sée; de M. Ale­xandre Dan­coisne, ré­fu­gié de Pha­lem­pin (Nord); M. Jou­di­naud, ma­ré­chal-fer­rant à Fal­gay­rat (24560 Plai­sance); de M. Jean Des­noyers, no­taire à Beau­mont, qui fut tor­tu­ré; du com­man­dant Gou­li­nat, ad­joint au maire de Beau­mont (24440). A la ferme de  « La Trouillère », com­mune de Cap­drot (24540), M. Jas­min De­layre, entrepreneur de bat­tages, fut tor­tu­ré, bles­sé à coups de hache et ache­vé dans sa fosse le 6 août 1944. Sa grand-mère et sa mère fu­rent as­sas­si­nées en mars 1945 à Dé­villac (47210). Son père fut dé­te­nu pen­dant deux ans. Sa ferme, son bé­tail, ses ma­chines agri­coles fu­rent pillés. A  « La Trouillère », fu­rent éga­le­ment as­sas­si­nés, le 15 août 1944, MM. Jean et Re­né Bar­rat, de Saint Ca­praise de La­linde (24150), et M. Ogul­lo, an­cien ad­ju­dant de la Lé­gion étran­gère.

Ne jouez pas avec nos nerfs…

Nos guer­riers avaient la dé­tente ner­veuse. Pen­sez donc, l’eu­pho­rie de la  « vic­toire » grise à un tel point que la rai­son s’é­gare. C’est ain­si qu’en juin 1944, Mlle Re­née Gau­de­froy, qui se dé­vouait au ser­vice d’une oeuvre d’en­fants juifs, fut ar­rê­tée à Li­moges par des mi­li­ciens qui la brutalisèrent, au point qu’elle dut être trans­por­tée à l’­hô­pi­tal d'où elle s'évada pour re­joindre le ma­quis de Dour­na­zac (87230). Là, elle fut  « abat­tue » sans ju­ge­ment, et en­ter­rée dans un bois du ha­meau de Brie. L’au­to­ri­té mi­li­taire a re­con­nu que Mlle Gau­de­froy  « a été fu­sillée à la suite d’une mon­strueuse er­reur due pro­ba­ble­ment à une sur­ex­ci­ta­tion ner­veuse et à une ten­sion ner­veuse trop fré­quente dans une guerre de par­ti­sans » et elle a ren­du  « un res­pec­tueux hom­mage à la mé­moire de Mlle Gau­de­froy, vic­time de son dé­voue­ment à la cause de la Ré­sis­tance ». L’au­to­ri­té mi­li­taire, bonne fille, a bien vou­lu re­con­naître ses torts, ou les torts des  « par­ti­sans », mais elle a re­fu­sé d’in­di­quer à la fa­mille l’em­pla­ce­ment de la fosse où a été en­ter­rée Mlle Gaudefroy, la­dite fa­mille ayant re­fu­sé de prendre l’en­ga­ge­ment qu’on exi­geait d’elle de n’in­ten­ter contre les as­sas­sins au­cune pour­suite ju­di­ciaire. No­tez bien qu’à cette épo­que, notre ir­rem­pla­çable  « Char­le­bagne » s’é­criait  « Où est la guerre ci­vile ?  »

Les as­sas­sins étaient dif­fi­ci­le­ment iden­ti­fiables; il y en avait tel­le­ment, après le dé­part des Al­le­mands… Aus­si dans la Loire, on ne connaît pas les as­sas­sins de Mme et de Mlle Ri­maud, femme et fille d’un mé­de­cin de Saint Etienne, qui fu­rent en­le­vées de leur mai­son de cam­pagne de Sail sous Cou­zan (42890) le 16 juillet 1944, tan­dis que cette mai­son était mise à sac. Tan­dis qu’on les condui­sait à Roche Sa­vine, Mlle Ri­maud ten­ta de s’é­chap­per et fut  « abat­tue » sous les yeux de sa mère. Quant à Mme Ri­maud, la mâ­choire fra­cas­sée et les yeux presque ar­ra­chés, elle fut tor­tu­rée pu­bli­que­ment sur la place de Saint Amant Roche Sa­vine (63890) Contrainte de creu­ser elle-même sa tombe, elle fut fu­sillée. Le 22 mars 1945, neuf mois après leur as­sas­si­nat, Mme et Mlle Ri­maud, étaient condam­nées à l’in­di­gni­té na­tio­nale par la Chambre ci­vi­que de Saint Etienne.

Pour peaufiner l'iniquité  on établit une loi, rétroactive, qui précisait  « Tout Français qui, même sans enfreindre une loi pénale existante, s'est rendu coupable d'une activité antinationale caractérisée, s'est déclassé; il est un citoyen indigne dont les droits doivent être restreints dans la mesure où il a méconnu ses devoirs. » Ça s’im­po­sait. Epoque sur­réa­liste, comme ce  « com­man­dant Bayard », qui entre autres crimes, as­sas­si­na à Is­si­geac (24560) le maire, le no­taire, le mé­de­cin et le cu­ré, qui s’é­taient op­po­sé à l’ou­ver­ture, par le­dit  « Bayard », d’une mai­son de pro­sti­tu­tion.

Tous coupables…

A Li­moges, connaît-on les as­sas­sins du doc­teur Blan­chard,  « abat­tu » après avoir été ac­quit­té par la cour mar­tiale qu’a­vait cons­ti­tuée le mi­li­tant com­mu­niste B…, pré­fet de la Vienne, sous le nom de Jean Chain­tron. A Nan­tiat (87140) sans doute sont connus les as­sas­sins de M. l’ab­bé La­fon, cu­ré doyen, qui fut tor­tu­ré, accusé de  « royalisme », promené toute une journée dans sa paroisse sous les injures et les coups avec, dans le dos, un écriteau:  « vive la république ! » et fusillé le soir; de MM. Du­caux, Ma­nent, Vi­rau­deau, Las­nier-Confo­lens, de Mlle Mo­rice,  « exé­cu­tés » le 8 juillet 1944.

Dans la Dor­dogne, les crimes étaient si nom­breux que, le 3 août 1945, le Co­mi­té dé­par­te­men­tal de Li­bé­ra­tion pu­bliait dans la  « Dor­dogne libre », le com­mu­ni­qué sui­vant:  « A la suite des at­ten­tats re­nou­ve­lés dans le dé­par­te­ment, le CDL fait connaître qu’il condamne ces agis­se­ments qui ne peu­vent être que des actes per­son­nels et d’in­spi­ra­tion dou­teuse vis-à-vis de l’ordre pu­blic et des in­sti­tu­tions ré­pu­bli­caines. Il met en garde la po­pu­la­tion contre toute or­ga­ni­sa­tion clan­des­tine qui exis­te­rait et fait ap­pel aux an­ciens ré­sis­tants qui pour­raient se lais­ser éga­rer… » Ega­re­ment pour éga­re­ment: les FFI comp­taient en­vi­ron 1.600 membres à la li­bé­ra­tion de la ville de Mar­seille. En moins de deux se­maines, d’a­près le rap­port d’of­fi­ciers de ren­sei­gne­ments de l’ar­mée amé­ri­caine, ce chiffre avait at­teint 4.500 ; écoutons Do­nald Ro­bin­son  « Ame­ri­can Mer­cu­ry » avril 1946 : « …tous les che­na­pans et tous ceux qui avaient des ran­cunes à sa­tis­faire étaient ac­cou­rus sous les dra­peaux dès la ces­sa­tion des com­bats.»

Ne se lais­sè­rent pas éga­rer, à Li­moges, en juin 1947, les 1.500 com­mu­nistes qui don­nè­rent l’as­saut au pa­lais de jus­tice. Mo­tif de ce cour­roux : mas­sa­crer M. de Bar­ry, que la cour de jus­tice ve­nait de condam­ner à mort pour son ap­par­te­nance au PPF et à la Mi­lice, et bien qu’en juin 1944 il eut sau­vé à Gué­ret cent cin­quante otages que les Al­le­mands allaient exécuter.

Quinze jours plus tard, même motif, même punition, un as­saut également me­né par les troupes com­mu­nistes, sur la pri­son de Li­moges par des émeu­tiers qui vou­laient y massacrer les 116 dé­te­nus po­li­ti­ques, il y avait par­mi eux vingt-trois condam­nés à mort. Ces com­mu­nistes sont in­croyables. Vou­loir tou­jours faire l’é­co­no­mie de pe­lo­tons d’e­xé­cu­tion. Mais les dé­te­nus po­li­ti­ques n’é­taient pas man­chots, et ain­si un as­saillant se retro­u­va étran­glé, ce qui vous en convien­drez donne à ré­flé­chir sur la dé­ter­mi­na­tion des assiégés leur permettant de re­pous­ser l'as­saut.

Mais où est donc la guerre ci­vile ?

Les exemples, par­mi beau­coup d’autres, at­tes­tent que la ré­gion de Li­moges fut l’une de celles où la ré­vo­lu­tion de 1944 fut la plus san­glante: A Ma­gnac-La­val (87190), as­sas­si­nats de MM. Du­cha­seau­be­neix, mar­chand de meubles; We­ber, mar­chand dra­pier; du per­cep­teur et de sa femme, du re­ce­veur des postes, de Mme Fath, d’un em­ployé de l’­hô­pi­tal, d’un fa­bri­cant de sa­bots, tous tor­tu­rés avant d’être  « abat­tus ».

A Lan­douge (87100 Li­moges), as­sas­si­nat de Mme Pey­re­tout, dont la che­ve­lure fut retro­u­vée clouée sur la porte de sa mai­son. A Nan­tiat (87140), as­sas­si­nat de M. Vi­ron­deau, ton­ne­lier, et du doc­teur Thou­ve­net.

A Châ­teau­pon­sac (87290), as­sas­si­nat de Mlle Da­rou­zet, den­tiste, qui fut affreusement mar­ty­ri­sée, de M. Cou­pat, mé­ca­ni­cien, ain­si que des tor­tures in­fli­gées à M. Tar­dy, no­taire.

Tue, pille, viole…

A Cler­mont-Fer­rand,  « exé­cu­tions » de l’in­ten­dant de po­lice Mayade, pré­a­la­ble­ment tor­tu­ré d’af­freuse ma­nière; du commissaire Ber­ger, fu­sillé après avoir eu les quatre membres bri­sés; de Mlle Cou­nil, tor­tu­rée, ex­po­sée nue et fu­sillée; de Mlle Thi­vat, ar­rê­tée à Ai­gue­perse, in­car­cé­rée à Riom, condam­née à six mois de pri­son  « pour avoir par­lé des Al­le­mands en termes fa­vo­rables » (cf.  « L’E­clair du Puy de Dôme » du 12/6/45) en­le­vée à sa sor­tie de pri­son en juin 45 par le  « ma­quis », torturée pen­dant deux jours sous les yeux de la po­pu­la­tion d’Ai­gue­perse (63260), sans que la Garde mo­bile pré­sente osât inter­ve­nir, et en­fin pen­due au pont du che­min de fer, dans la rue prin­ci­pale, où son corps de ba­lan­ça pen­dant plu­sieurs jours.

Dans le Lot et Ga­ronne, furent assassinés Mgr Tor­ri­cel­la, di­rec­teur de la Mis­sion ita­lienne;  l’ab­bé Cor­dier, cu­ré de Lé­vi­gnac de  Seyches (au­jour­d’­hui Lé­vi­gnac de Guyenne 47120); l’ab­bé La­vi­cou, cu­ré d’Al­le­mans du Dropt (47800); le co­lo­nel Di­lon-Ca­va­nac, à Agen; M. Du­pré de Po­ma­rède, di­rec­teur du Ra­vi­taille­ment à Agen; le gé­né­ral Bar­thé­lé­my, pré­si­dent de la Croix Rouge à Né­rac (47600); M. Ver­dier, maire de Port Sainte Ma­rie (47130); le maire de Sé­ri­gnac sur Ga­ronne (47310).

Dans la Vienne, as­sas­si­nat du ba­ron Hen­ri Reille-Soult, avia­teur cé­lèbre de la guerre de 1914-1918. Or­ga­ni­sa­teur de dé­pôts d’armes pour l’Ar­mée Se­crète, ci­té à l’ordre du Corps d’ar­mée le 25 juillet 1945 par le gé­né­ral Juin. Il fut en­le­vé par un ma­quis de la Vienne, avec Mme Reille-Soult le 21 juillet 1944, in­ju­rié, frap­pé, dé­te­nu dans une étable à porcs et nourri comme eux, tan­dis que sa pro­prié­té était pillée. Il fut li­bé­ré le 15 août, mais fut de nou­veau en­le­vé par des ma­qui­sards le 17 oc­tobre et as­sas­si­né à Lussac les Chateaux (86320). Son corps avec plusieurs autres, fut jeté dans un puits comblé à coups d'explosifs.

Assassinat, en juillet 1944, de M. de la Guéronnière, de sa femme et de sa soeur. Ils furent arrêtés tous les trois au château de Thouron (87140), par des  « patriotes » qui les abattirent dans un bois voisin.

Rien n'est parfait…

Bien en­ten­du, il ar­ri­vait parfois, des anicroches. Mais votre  « in­no­cence » étant re­con­nue, tou­jours bien en­ten­du, du simple fait qu’an­cien  « ré­sis­tant » : un exemple, pas uni­que, loin s’en faut, mais il faut bien nous li­mi­ter :  « Hier ma­tin, narre le  « Ré­pu­bli­cain du Mi­di » du 17/11/1949, a com­pa­ru, de­vant le tri­bu­nal mi­li­taire de Lyon, le ca­pi­taine Mar­cel Mealle, 40 ans, ori­gi­naire de Mont­lu­çon, qui com­man­da un groupe de ré­sis­tance de l’Al­lier. Mar­cel Mealle est ac­cu­sé d’a­voir fait exé­cu­ter, le 2 sep­tembre 1944, 15 jours après la li­bé­ra­tion du dé­par­te­ment, un contrô­leur éco­no­mi­que, M. Ca­mille Ban­son, 48 ans de Vi­chy. Re­ve­nant sur les dé­cla­ra­tions qu’il avait faites à l’in­struc­tion, le ca­pi­taine Mealle a re­con­nu à l’au­dience qu’il avait lui-même ar­rê­té Ban­son le 16 sep­tembre et qu’il avait don­né l’ordre de l’e­xé­cu­ter après l’a­voir vio­lem­ment frap­pé à coups de poing. Il a af­fir­mé que Ban­son, dont l’­ho­no­ra­bi­li­té et le patriotisme sont main­te­nant prou­vés, lui avait été pré­sen­té comme mi­li­cien par un de ses com­pa­gnons, l’ad­ju­dant Cor­re­ro. Ce der­nier, ci­té comme té­moin, a re­con­nu ce fait. Plu­sieurs té­moins qui par­ti­ci­pè­rent à l’ar­res­ta­tion ou à l’e­xé­cu­tion ont confir­mé les aveux de l’ac­cu­sé et la dé­po­si­tion de M. Cor­re­ro. Ils ont éga­le­ment sou­li­gné la conduite cou­ra­geuse du ca­pi­taine Mealle pen­dant l’oc­cu­pa­tion. » Le  « Ré­pu­bli­cain du Mi­di » sobre dans l’ex­pres­sion note que le tri­bu­nal mi­li­taire de Lyon a ac­quit­té le ca­pi­taine Mealle. C’est bon pour cette fois-ci, mais n’y re­ve­nez pas !

Appréciez la modestie du  « capitaine » Mealle. Capitaine ! Rendez-vous compte ! Alors qu'il lui suffisait de dévaliser,  « comme tout le monde, une boutique de passementerie pour devenir colonel. »

Sans boussole…

Il y avait éga­le­ment, d’autres éga­rés, qui sans doute anal­pha­bètes et ne sa­chant pas coudre de ga­lons sur leurs manches, se fi­rent  « pin­cer », les mal­a­droits ! Quel­ques mois  avant la li­bé­ra­tion une ving­taine d’Es­pa­gnols or­ga­ni­sè­rent un ma­quis à St Lon les Mines (40300). Ce ma­quis était di­ri­gé par un nom­mé  Quin­tial, qui se fai­sait ap­pe­ler  « com­man­dant Fran­çois »; se­con­dé par An­gel Arias, Juan Mat­tia­re­na et Juan Cor­do­ba, ses lieu­te­nants en quel­que sorte. Bien entendu le ma­quis de St Lon n’a­vait eu au­cune ac­ti­vi­té de ré­sis­tance. Ce qui était cer­tain, c’est qu’il fit ré­gner la ter­reur dans la com­mune après la li­bé­ra­tion. Des per­sonnes qui n’a­vaient au­cune ac­ti­vi­té  « col­la­bo­ra­tion­niste »  fu­rent exé­cu­tées. Et c’est ain­si, que suc­ces­si­ve­ment, Mme Pey­re­lon­gue, femme d’un pri­son­nier, MM. Dar­ri­gan, père et fils, Lar­bère et sa fille, M. Bou­neau et M. Gray étaient ar­rê­tés et ame­nés au ma­quis où ils étaient inter­ro­gés par le com­man­dant Fran­çois. La mal­heu­reuse Mme Pey­re­lon­gue, était fu­sillée à une date in­dé­ter­mi­née. Puis le 23 août, vint le tour de MM. Lar­bère, Jean et Charles Dar­ri­gan, puis Mme Bayle, elle aus­si femme de pri­son­nier, d’être e­xé­cu­tés. Mme Bayle, se­lon un té­moin, au­rait été pen­due par un pied et on l’au­rait lais­sé mou­rir dans cette po­si­tion. Les  corps fu­rent ex­hu­més, le 11 mai 1945 .

Technique de la torture

Frapper des hommes et des femmes à coups de lanières, à coups de barre de fer, leur arracher les ongles, les brûler avec des cigarettes, leur brûler les pieds, les marquer au fer rouge, les faire agenouiller, pendant des heures, sur des objets aigus, les taillader à coups de rasoir, les pendre et les dépendre alternativement, ou bien raser la tête ou le pubis des femmes, leur couper les bouts de seins, leur faire passer un courant électrique dans le vagin, tout cela ne fut que l'A. B. C. d'une nouvelle technique, d'une technique à torturer par laquelle certains  « libérateurs » ont ressuscité et amélioré un art de géhenne qui s'était perdu depuis les temps de barbarie. Il est arrivé qu'on ai fait beaucoup mieux. Dans l'Ardèche, où résidaient des Espagnols rouges, au camp de Joannas (07110), on coupait les oreilles, on brûlait avec une lampe à souder. L'abbé Mandaroux y fut fusillé, mais  « c'est aux parties sexuelles qu'il fut seulement visé et atteint ». Dans d'autres cas,  « très souvent, le peloton d'exécution n'ayant visé qu'aux jambes, les exécutés sont jetés à Fons (07200) dans un puits de mine abandonnée où les paysans, horrifiés, les entendent crier à longueur de journée et de nuit »


Matériel utilisé :

Le dic­tion­naire de la po­li­ti­que fran­çaise d’­Hen­ri Co­ston ;
Coll.  « L’In­dé­pen­dant des P. O. » ;
Coll.  « Le Ré­pu­bli­cain du Mi­di » ;
Coll.  « Les Ecrits de Pa­ris », 9, pas­sage des Ma­rais, 75010 Pa­ris ;
« Le livre noir de l'épuration », août 1964, Lectures Françaises, 81690 Chiré en Montreuil ;
« Après le déluge » P. A. Cousteau, 1956.

 

Publié dans Libération 44-45

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L
Merci de cet article qui rétablit la vérité. Je serais heureux de parler avec vous pour vous poser quelques questions. trois membres de ma famille ont péri dans ces massacres, sans motif, sans procès, sans jugement.
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X
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> (La fin de mon commentaire n'ayant pas été publié lors de mon intervention précédente, j'en donne la suite et fin<br /> ci-dessous)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> -Mr ROUGIER Gaston. (Né le 17.12.1897 à Lussac-les-Eglises 87) Employé de Mairie.<br /> <br /> <br /> -Mr SPIESS Ignace (Né le 18.04.1890 à Chatenois 67) Inspecteur de police.<br /> <br /> <br /> -Mr  X dit : TAVERNIER  aucun<br /> renseignement.<br /> <br /> <br /> - Mr WEBER (Né le 11.06.1899 à Nancy) Négociant.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 42 noms… La plupart aujourd’hui assortis de la mention : « Mort Pour la France »  Tel est le triste palmarès de ce maquis composé aussi de russes déserteurs de l’Armée Allemande et de gens « du cru ». Là encore, les tribunaux furent<br /> cléments avec les assassins, mais ils ne laissèrent pas passer un larcin dans un hôtel dans les années 50 et condamnèrent le chef de ce maquis qui ne put l’être pour 42 meurtres.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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<br /> <br /> J’ai lu avec attention cet article auquel je me permets d’apporter le complément suivant à propos des « tueries » de<br /> Magnac-laval (Près de Limoges) que votre article évoque sommairement.<br /> <br /> <br /> Oui, les exécutions que vous mentionnez ont bien eu lieu, mais votre liste est singulièrement incomplète. En effet, entre le 8<br /> et le 25 juillet 1944, le maquis FTP que commande un nommé Sandlarz (Un réfugier d’origine hongroise installé au Dorat avec son frère et sa mère.) exécutera les personnes suivantes, enlevées à<br /> Magnac-Laval, le Dorat et Saint-Sulpice-les-Feuilles :<br /> <br /> <br /> - Mr AUFAURE (né le 18.06.1892 à Châtelus-Mavaleix 23) Marchand de vin<br /> <br /> <br /> - Mr AVIGNON (Né le 7.11.1907 à St-Gervais-d’Auvergne 63) Vétérinaire<br /> <br /> <br /> -Mme AVIGNON épouse du précédent (Née Malaurie le 7.07.1916 à Nantes 44)<br /> <br /> <br /> -Mr BAILLY Ernest (Né le 1.04.1893 à St-Sulpice-les-Feuilles 87) Agriculteur.<br /> <br /> <br /> -Mr BLANCHET Henri (Né le 15.07.1872 à Bourges 18) Receveur buraliste.<br /> <br /> <br /> - Mr BODIN Michel (Né le 3.06.1923 à Wissembourg 67)<br /> <br /> <br /> -Mr MOREL (Né le 8.08.1894 à Fitilieu Isère) Percepteur.<br /> <br /> <br /> -Mme MOREL  (Née Bontemps le 11.01.1901 à Chameyrat 19) épouse du<br /> précédent.<br /> <br /> <br /> -  Mr BOUZAT (Né le 24.11.1900 à St-Bonnet-de-Bellac 87)<br /> <br /> <br /> -Mr CAUVET (Né le 2.12.1890 à Marseille 13)<br /> <br /> <br /> -Mr CHAZEAUBENEIX (et non Duchazeaubeneix) (Né le 28.10.1897 à Mortemart 87)<br /> <br /> <br /> -Mr CHRISTOPHE Charles (Né le 11.04.1890 à Paris XV°) Industriel réfugié<br /> <br /> <br /> -Mr DECRESSAC (Né le 17.10.1901) Electricien.<br /> <br /> <br /> -Mr FAYAUD (Né le 4.06.1877 au Dorat 87) Coiffeur.<br /> <br /> <br /> -Mr FOUREST Victor (Né le 26.07.1887 à Limoges 87) Notaire.<br /> <br /> <br /> - Mme PIERREFICHE (Née Gallancher Marie le 22.08.1900 à Lesterps 16)<br /> <br /> <br /> - Mme PFAADT (et non Fath) (Née Kornetzky le 18.04.1909 à Wissembourg 67)<br /> <br /> <br /> - Mme OSTERMAYER (Née Grosskost le 16.01.1911 à BISCHHEIM 67)<br /> <br /> <br /> - Un INCONNU  (Sans doute un soldat allemand capturé)<br /> <br /> <br /> - Un autre INCONNU.<br /> <br /> <br /> -Une INCONNUE (employée comme interprète à l’hôpital allemand de Magnac-Laval.)<br /> <br /> <br /> -Un INCONNU (Peut-être un milicien capturé à St-Savin 86)<br /> <br /> <br /> -Mr LANTIGNIER André (Né le 20.04.1920 à St-Bonnet-de-Bellac 87) Charron.<br /> <br /> <br /> - Mr LEBLANC (Né le 2.07.1908 au Dorat 87)<br /> <br /> <br /> - Mr MARSAUDON (Né le 9.07.1890 à Limoges 87) Médecin.<br /> <br /> <br /> -Mr MARSAUDON Alphonse (Né le 1.06.1913 à St-Bonnet-de-Bellac 87) Cordonnier.<br /> <br /> <br /> - Mr MAZUEL Joseph (Né le 17.09.1899 à St-Bonnet-de-Bellac 87) Cultivateur.<br /> <br /> <br /> -Mr MONTEAU Jean (Né le 3.01.1910 à St-Maurice-des-Lions 16)<br /> <br /> <br /> -Mme VETELAY (Née Moras le 11.05.1884 à Toulouse 31)<br /> <br /> <br /> -Mr MORGAT Pierre (Né le 3.08.1895 à St-Ouen-sur-Gartempe 87) Garagiste.<br /> <br /> <br /> - Melle MORGAT Jeannine (Née le 6.10.1923 au Dorat 87) Fille du précédent. (21 ans)<br /> <br /> <br /> - Gal NOEL Pol (Né le 26.07.1880 à Rennes 56) Général<br /> <br /> <br /> -Mme VETELAY (Née Picard le 23.04.1897 à Gennevilliers Seine)<br /> <br /> <br /> - Mr VETELAY Guy (Né le 04.08.1870 à Magnac-Laval 87) Maire de sa commune.<br /> <br /> <br /> - Mr POUFFARY (Né le 3.01.1926 au Dorat 87) Journalier.<br /> <br /> <br /> -Mr RIFFAUD Emile (Né le 8.10.1891 à Chateauponsac 87) Industriel.<br /> <br /> <br /> -Mme RIFFAUD (Née Trouvat le 11.06.1897 à Magnac-Laval. 87) épouse du précédent.<br /> <br /> <br /> -Mr ROUER (Né le 19.12.1879 à Saint-Gilles 36) Officier en retraite.<br /> <br /> <br /> -Mr ROUGI<br /> <br /> <br /> <br />
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