La victoire de l’enfant du pays face au « dernier stalinien de Brignoles »

Publié le par Josep

Jean-Paul Dispard, nouveau conseiller général FN du Var.

 Entendre la voix de Jean-Paul Dispard, le nouveau conseiller général FN de Brignoles, c’est prendre une énorme recharge de soleil et de ciel bleu balayé par le mistral. Son accent chaleureux fleure bon le thym, le serpolet et la farigoulette. Et sacrément gentil avec ça. Et pour info à Jean-François Copé, le « visage » de ce Varois d’origine va bientôt être connu de la France entière puisqu’il est figurant dans La fille du puisatier (de et avec Daniel Auteuil) d’après Marcel Pagnol, qui sort au cinéma le 20 avril. Ce retraité discret âgé de 62 ans, ancien commerçant de viande en gros, au Front national depuis 28 ans, doit d’abord son succès de dimanche à son enracinement et à sa fidélité à ses engagements. Il l’a emporté tout seul, sans alliance, contre un communiste pur et dur, « le dernier stalinien de Brignoles ». Et même face à celui-là, l’UMP s’est bien gardée d’appeler à faire barrage à l’idéologie aux 100 millions de morts. – C.P.

 

— Quel est le secret de votre réussite de dimanche ?

— Je dirais l’enracinement à mes idées et à ma terre. Je suis un enfant du pays. Depuis 1989, date de ma première campagne avec le général Libourel, les Brignolais me connaissent par cœur. Je suis conseiller municipal FN depuis 19 ans. Je suis né à Saint-Maximin, ma mère est native d’ici, toute ma famille et mes cousins sont sur le canton. J’ajoute que j’ai été longtemps un bon joueur de foot dans le club du canton !


Comment s’est déroulée votre campagne ?

— Non sans difficultés. J’ai tracté, fait la tournée des boîtes aux lettres et des marchés, souvent sous les insultes des communistes. En plus les cocos avaient bloqué mes tracts. Moi je dis « cocos », je ne sais pas comment vous dites, vous ?


« Cocos », ça me va, ça me « parle » ! Ils avaient bloqué vos tracts ?

— Ils ont fait une opération sauvage et bloqué tous mes tracts si bien que les électeurs ne les ont pas reçus la semaine avant les élections.


— Vous étiez opposé à un communiste, un gros « coco » en l’occurrence, le maire de Brignoles, Claude Gilardo. Quelles avaient été les consignes de l’UMP ?

— Gilardo, c’est un idéologue communiste pur et dur, le dernier stalinien de Brignoles. Ici ce fut longtemps une terre rouge, d’anciens mineurs communistes. Le candidat UMP battu, Jean-Michel Rousseaux avait déclaré : « Je ne suis pas propriétaire de mes voix. »


Ne trouvez-vous pas scandaleux que l’UMP ne choisisse pas entre le Front national et le représentant du parti communiste stalinien ?

— Si, bien évidemment. Néanmoins, 18 % des électeurs UMP ont choisi de se reporter sur moi.


Vous êtes un peu un symbole aujourd’hui puisqu’il n’y a que deux conseillers généraux FN en France [NDLR : l’autre est Patrick Bassot, à Carpentras] face à l’absence d’alliances et à un système électoral spécialement fabriqué pour vous faire perdre ?

— Je suis heureux d’être élu mais c’est un peu impressionnant à vivre. Je ne m’attendais pas à voir la télévision débarquer ici par exemple. Je n’étais pas habitué non plus à voir la boîte vocale de mon téléphone saturée. Je ne suis pas habitué à ça. Pour quelqu’un comme moi, c’est un peu dur. Brignoles a été connu à cause du Tour de France l’année dernière, dont il a été la première étape et moi je l’ai fait connaître autrement…


N’allez-vous pas vous retrouver très isolé au sein de votre Conseil général ?

— Je suis conseiller municipal de Brignoles depuis 19 ans. Au début nous étions trois. J’ai perdu tour à tour mes deux colistiers. Il y a six ans que je suis tout seul au Conseil. Je suis un homme de terrain proche des gens, je vais travailler avec des élus du coin, des maires sur le département, avec qui j’ai de très bons rapports. J’ai des amis localement, dont plusieurs sont des militants FN. Et puis vous savez, je n’ai peur de personne.


Sur quelles thématiques comptez-vous peser ?

— J’ai quatre commissions. La commission des finances, la commission des sports, la commission de l’agriculture et la commission des HLM et des travaux. Je compte peser sur ces quatre dossiers.


Qu’est-ce que le Front national de Marine Le Pen a changé pour vous ?

— Beaucoup de choses. Et d’abord la grosse montée de nos pourcentages ! Une femme, vous savez, je crois que ça peut changer beaucoup et que c’était le bon moment pour ça. Elle passe spécialement bien dans les médias, elle est aimée ici et très populaire. Elle a fait salle comble à Six-Fours, mille personnes, pour la présentation de ses candidats. C’était déjà un indice sur le terrain.


Propos recueillis par Caroline Parmentier


  

Publié dans Politique

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