Jean-Louis Murat se lâche

Publié le par Josep

Jean-Louis Murat travaille comme les paysans dont il célèbre l'existence. D'abord il compose, terré dans les monts d'Auvergne, puis il enregistre, puis il joue, puis il se terre à nouveau pour reprendre le cycle de sa vie d'artiste. C'est méticuleux, régulier et toujours talentueux, comme il le prouve avec "Grand lièvre". Jean-Louis Murat, rare mais toujours très disert.

 

Musique.Vous êtes en marge du système. Pourquoi refusez-vous de participer aux opérations comme les Enfoirés ?


Je trouve ce système dégoûtant. Les jolis coeurs, les-plus-généreux-que-moi-tu-meurs, je n'y crois pas du tout. La vraie générosité, elle est silencieuse. Ça ne doit pas devenir un élément de promotion.

 

Et la politique ?


C'est le triomphe de l'hypocrisie. Les chanteurs se mettent toujours du côté du manche. La vie d'artiste est beaucoup plus confortable si tu es vaguement contre. Ils essaient de se placer sous une sorte de lumière marxiste. Ils disent : je suis un rebelle, je suis socialiste. Tous les cons font ça.

 

Tous ne sont pas de gauche !


Non. Tu peux aussi faire une carrière de lèche-cul à la Souchon. C'est le plus grand stratège de la chanson française. Il est passé de Pompidou à Sarkozy sans broncher. Souchon, c'est le Lecanuet de la chanson.

 

Et vous, pour qui faites-vous des chansons ?


Pour moi. Si elles rencontrent des gens, très bien. Mais je n'ai jamais pensé à quelqu'un d'autre que moi en écrivant une chanson. Même Bruant, même Pierre Perret, ils pensent d'abord à leur gueule.

 

C'est très égoïste !

 

Non, c'est la nature des choses. Je ne pense pas qu'un artiste puisse amener quoi que ce soit. Les enjeux sont ailleurs. Ils sont à l'extrême intérieur, dans le saint des saints de chacun. La seule idée que j'aimerais faire passer, c'est que chacun a en soi une énergie quasi infinie

 

Michel Revol

 

Source

 

  

Publié dans Arts-Musique-Poésie

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