Septembre 1945, l'ordre règne à Saïgon

Publié le par Josep

L'histoire de l'Indochine de 1945 est très amère pour les Français de la colonie. Des milliers d'hommes allaient mourir; d'autres comme ces 5.500 Français et ces 3.000 Vietnamiens, furent rejetés de Chine par les gaullistes, parce que s'ils avaient été d'authentiques résistants, c'étaient sans appartenir à De Gaulle. Je ne parlerai donc pas de ces héros, mais plutôt tel ce "capitaine" Cédile, de ces créatures qui profitèrent sans vergogne, pour leur maître De Gaulle.
Nous sommes en mars 1945, en France c'est le général De Gaulle qui gouverne avec les communistes depuis la libération . En Indochine c'est toujours l'amiral Decoux qui tient les rênes, serré de près par les Japonais. Or, l'activisme gaulliste en Extrême-Orient n'est pas un leurre ; il est surtout dirigé contre les fonctionnaires vichystes , ainsi l'amiral restera prisonnier des Japonais bien après leur reddition faite à l'amiral Decoux, qui avait reçu, bien que son prisonnier, la reddition du haut-commandement japonais en Indochine.
Remontons lle temps. Il y avait à l'Est du Tonkin, dans la presqu'île de Léi-Tchéou, un territoire de l'empire colonial français, en terre de Chine. Une sorte de Hong-Kong français. En 1943, pour faire plaisir à son allié Tchang-Kai-Tcheck, De Gaulle lui offre gracieusement ce territoire, dénommé Kouang-Tchéou-Wan. C'est le premier abandon colonial de la France Ainsi alors que Decoux de débattait avec les Japonais pour maintenir la France, le gouvernement provisoire cède une parcelle de son territoire.
L'effet auprès des populations indochinoises est catastrophique. En Extrême-Orient, on ne fait pas de cadeaux, surtout de cette valeur, sans contre-partie. Et cet abandon de souveraineté est perçu comme une faiblesse, une démission. C'est sans doute là le vrai début de la perte de l'Indochine pour la France.
Or donc, en 1943, les gaullistes intriguent en Indochine, la mission militaire française reçoit des messages, sollicitant des informations de toutes natures. Les officiers gaullistes s'activent à Hanoï, Lang Son. Puis les Français parachutent un capitaine, planteur dans le civil, dans la région de Lang Son (1). Il est l'envoyé personnel de De Gaulle : mission organiser des commandos d'intervention anti-japonais, en liaison avec les Français en poste à Calcutta. Dès septembre 1944 les premières caisse d'armes sont parachutées. Des essais de coopération franco-viet-minh permirent alors aux cadres viets de tester les gaullistes; ceux-ci n'entendaient pas accorder l'indépendance immédiate (2), et les résistances (viet et française) ne purent se mettre en place pour oeuvrer contre les Japonais.
Mais cet activisme gaulliste énervait les Japonais ; qui estimaient malsain ce débauchage de cadres de l'armée française pour les préparer à la reconquête (3). Toutefois, l'inefficacité des plans (4) gaullistes se révéla dans toute son ampleur, lors de l'agression japonaise du 9 mars 1945 qui opèrent, par surprise, un coup de force contre les garnisons et la police indochinoise. Il y eut une forte résistance, qui hélas, n'empêcha pas les nippons de tuer un grand nombre de coloniaux et de militaires français et faisant de nombreux prisonniers. Les militaires français rescapés, durent se résoudre à quitter l'Indochine via le Tonkin.
Ce que fut cette journée du 9 et les suivantes relève de l'horreur : femmes violées et massacrées, sous les yeux de leurs maris. Des hommes sont fusillés par groupes, à la mitrailleuse ; d'autres enterrés jusqu'aux yeux, on passera la herse sur leur tête. D'autres serviront à l'exercice des baïonnettes. A Vientiane, des hommes sont jetés dans le fleuve, attachés trois par trois avec du fil de fer et lestés de cailloux. Un légionnaire avait tenté de s'évader d'un camp, on l'attacha sur deux poteaux placés en croix. Un officier japonais se plaça devant le légionnaire, et avec son sabre de samouraï entreprit de le découper. D'un coup il lui trancha la main gauche, puis la main droite, puis le bras gauche, puis le bras droit. De même avec les pieds. Il ne resta que le tronc et la tête qu'il finit par couper.
Les jours suivants, sous la pression des Japonais, et le 11 mars 1945, Bao Daï proclame l'indépendance de l'Annam; un gouvernement est constitué, mais le Viet-Minh n'est pas dupe: bien que sous protection nippone cette indépendance lui permettra de blouser les Français, lors de la capitulation du Japon, ce qui ne saurait tarder En Europe, en mai 1945, c'est la paix ! Et en juin, le général Leclerc reçoit officiellement le commandement des forces françaises pour l'Indochine, chargées de combattre le Japon. Le 25 août, Bao Daï abdique.
La révolution d'août a commencé, et un gouvernement républicain est formé sous la direction de Tran Van Giau. L'indépendance pour tout le pays est proclamé le 2 septembre, et à Hanoï, Hô-Chi-Minh devient le maître de la République démocratique du Viet Nam (5). Aussitôt les légionnaires du 5e REI, prisonniers, sont libérés de la citadelle de Hanoï. Certains en profitent pour déserter et rejoindre les rangs viets, pour des motifs politiques. D'autres animés par des sentiments mercantiles, désertent, mais pour pratiquer le marché noir, et les trafics de toutes sortes. Et l'on en voit même avec des brassards rouges, jouant les résistants viet, pistolet à la ceinture, comme les FFI d'août et septembre 1944, en France.
C'est d'ailleurs avec des éléments sains de ce 5e REI que sera formé la première unité parachutable de la Légion. Cette section ne sera jamais brevetée, la capitulation japonaise survenant alors que ses hommes allaient effectuer leur premier saut.
Nommé commissaire de la république en Cochinchine, le "capitaine"
Cédile, flanqué de deux adjoints, arrive, parachuté en pleine zone
viet-minh (région de Tay Ninh) le 22 août 1945, où les Japonais doivent
aller le chercher pour le ramener à Saïgon ! Non, ce n'est pas un gag !
Or donc, à présent colonel, le commissaire du gouvernement à Saïgon, n'avait considération que pour les francs-maçons, les communistes et les socialistes, et a tôt fait de faire comprendre à la colonie que tous les résidents ne sont que des traîtres. Et de préparer avec les "frères" et autres socialistes les dossiers de l'épuration. Nommant, révoquant des fonctionnaires, faisant arrêter et emprisonner des Français et déclarant nuls, par arrêté du 23 septembre, tous les textes édictés en Indochine entre 1940 et 1945 ; les pouvoirs de Cédile étaient immenses.
Ecoutons l'amiral Decoux :
« M. Cédile se présente à moi [...] il est manifestement gêné. Arborant le grade de colonel sur son short kaki, il s'en excuse. Chef de bataillon de réserve [...] Il s'est ainsi attribué deux grades de plus. Une peccadille en vérité, quand on fait de si grandes choses ! Mon interlocuteur me paraît tout aussi épais au moral qu'au physique. Plus tard je saurai la raison de l'ascension vertigineuse de cet homme; en poste du côté du Tchad, il fut un des premiers à rallier le général Leclerc. Il n'avait pas le choix, mais n'en est pas moins devenu un grand homme. » (6)
Affaibli, malade, cloué dans son lit, l'amiral Decoux écoute Cédile lui exposer le plan gaulliste d'occupation de l'Indochine, ce plan privilégiant les Chinois. Decoux proteste avec véhémence, et constate:
« Cédile s'est drapé dans sa dignité offensée. Il appartient à cette catégorie de "parvenus" dont la suffisance n'a d'égale que l'insuffisance ? Sur un ton qui s'efforce d'être définitif, mon interlocuteur s'est fait tout à coup solennel. Il est "Commissaire de la néo-république", et tient à le montrer. »
Mais les Japonais n'avaient pas ramené que Cédile dans leurs fourgons, il y avait aussi tous les détenus politiques et condamnés de droit commun détenus aux îles de Poulo-Condor. Ce qui inquiétait fort la colonie française, d'autant que Decoux restait prisonnier, et que les armes confisquées le 9 mars 1945 n'étaient pas rendues à leurs propriétaires. (7) Tran Van Giau, dirigeant du nouveau gouvernement indépendant dans le Sud, veut pratiquer la politique de la terre brûlée, et incite les viets au meurtre des Français. Un chef viet-minh, Nguyen Binh (8), homme cruel et impitoyable, appuie le plan de Tran Van Giau.
Ainsi le 2 septembre, de nombreuses maisons sont pillées, leurs habitants maltraités, enfermés. Ces exactions sont commises par la voyoucratie saïgonnaise. Le Père Tricoire, curé de la cathédrale est tué à coups de piques, le père Soulard, âgé de 80 ans, est assommé et laissé pour mort. De surcroît, des rumeurs font état d'une possible attaque d'éléments viets pour le 22 septembre. Ce que Cédile rejette avec arrogance et précise par une proclamation : « Le gouvernement et son chef, le général De Gaulle m'ont chargé de réaliser une politique très précisément définie : les mesures qui sont et seront prises sont conformes à cette politique. Elles doivent être appliquées et respectées. » Joignant le geste à la parole il fait prendre les édifices publics par l'Armée. Sans doute effrayé par son audace, il libère dès le lendemain "tous" les prisonniers de la veille (Mille deux cents suspects, une paille !). Depuis le mois d'août la stratégie gaulliste était de négocier avec les pires ennemis de la France en Indochine, car selon Cédile, il serait facile de s'entendre entre hommes de gauche. Le nouveau pouvoir gaulliste donnait l'impression de la sottise, de la faiblesse et de la duplicité.
En Métropole le gouvernement décide de former la 9e DIC (Division infanterie coloniale) qui embarque pour l'Indochine le 8 septembre 1945. C'est le premier départ de corps expéditionnaire. Cette division a une mission: remplacer les troupes anglo-indiennes, puis de pacifier le pays. Ce n'est pas l'armée de Bourbaki ! mais peu s'en faut (9).
Composée de maquisards, sans expérience de la guerre vraie ; de communistes sur ordre du Parti (10); d'engagés volontaires. Ces hommes partent combattre les pirates viet minh et leurs instructeurs japonais qui massacrent les Français à Saïgon. Ainsi Hughes Dalleau, (La Voix du Combattant) écrit :
« Il fallut toute la pugnacité du général De Gaulle, pour dépêcher un corps expéditionnaire aux ordres du prestigieux général Leclerc et l'amiral d'Argenlieu (11). Ces militaires firent leur travail [mais procédèrent] à l'épuration des structures économiques et administr
atives existantes en annihilant les hiérarchies de valeurs. ».
Passons sur le prestige de Leclerc, le fusilleur de soldats français.(12)
.
Et De Gaulle, instigateur de la perte de l'Indochine française, promut au rang de sauveteur !
Un rédacteur La La Voix du Combattant , ancien de la 9e DIC, lui, note :
« La France réapparait avec ses marins, ses coloniaux, avec Leclerc, Valluy, Massu, etc briffés par un Amiral plus religieux qu'administrateur. [...] Voici Saïgon avec ses populations, avec aussi ses Blancs riches ou ruinés, souvent pleins de suffisance. »
Ce que veut exprimer l'ancien, par suffisance, c'est que les populations civiles n'étaient sans doute peut-être pas assez gaullistes ? Pourtant, la plupart de la colonie française était favorable à l'arrivée d'un commissaire du gouvernement. Ce qu'elle ignorait sans doute c'est que la DGER gaulliste, depuis Calcutta, s'était activée pour contribuer au coup de force du 9 mars 1945 !
Et dans les milieux de la résistance il se disait que le sang n'avait pas encore suffisamment coulé en Indochine (13). Une partie de "ces Blancs riches ou ruinés, souvent pleins de suffisance" résidait dans un ensemble de villas appelée Cité Héraud . Cette cité était habitée par des familles françaises, mais avait une proximité avec un ensemble de villages, composés de Cochinchinois, et servait, aussi, de base à la pègre saïgonnaise. Celle-ci cohabitant avec des familles honorables. Un peu le cas de certaines banlieues françaises d'aujourd'hui.
Et depuis une quinzaine de jours déjà, cette pègre menaçait les habitants de la Cité, qui prévinrent maintes fois du danger le colonel Cédile et les Anglais en poste à Saïgon. Les Français n'en crurent pas leurs yeux: "c'est des Japonais" que l'on chargea de protéger les habitants de la cité Héraud ! Bien entendu, ce n'est pas les Japonais qui empêcheraient les bandes de voyous de se réunir à proximité. Mais, leur seule présence retardait l'explosion.
Le 10 septembre la protection est retirée. Affolement des Français de la cité, car des tentatives de pillages se produisent. Magnanime, le colonel Cédile décide le 19 septembre de mettre en place un poste avec 20 agents de police. Décidément caractériel, peu après Cédile retire ce poste sous prétexte que des patrouilles de surveillances suffisent. Cédile disposait quand même des 5.000 soldats qui se morfondaient dans leurs casernes. En plus, près de cinq cents policiers. Il pouvait également armer les milliers de civils, mais pas question de faire appel aux colonialistes , qui c'est bien connu, ne sont pas forcément, eux, des hommes de gauche. Sans compter les 120 hommes de la compagnie A du CLI (Corps Léger d'Intervention) (14) qui étaient arrivés à Saïgon le 12 septembre en compagnie d'hommes de la 80e Brigade du général Gracey. (15)
Le soir du 23, des bandits armés parcourent la ville, ceux-là même que le colonel Cédile avait remis en liberté, et saccagent la périphérie de la ville, les incendies sont nombreux. (16). Une mesure s'imposait; en armant les civils et les soldats, il était possible de surveiller les quartiers les plus exposés. A tout le moins, avertir la population du danger possible, et les inciter à rester groupés dans les quartiers français. Alors là c'est mal connaître l'artiste (17), qui tout fiérot, fait placarder des "Appels à l'ordre" ; où les saïgonnais lisent :
« Les services de la Police et de la Sûreté ont repris leurs fonctions. Ils ont la responsabilité du maintien de l'ordre et l'assureront. Ils demandent seulement à la population de rester calme, de procéder à ses occupations coutumières et de les laisser travailler avec la sérénité qui s'impose à l'heure actuelle. »
C'est beau comme l'antique, mais ça marche ! Les Français rassurés reprennent leurs occupations. Mais, direz-vous, si la confiance régnait pourquoi faire l'opération de récupération des édifices publics ; gouverner c'est prévoir, la réaction des gens d'en face pouvait facilement s'imaginer, et en conséquence prévoir des défenses de la population civile. Ce ne fut pas le cas. Le 24 septembre, dans la ville et ses banlieues, c'est la curée: disparaissent ou sont assassinés cent quatre-vingt-sept français.
Voilà comment M. Cédile maintenait l'ordre. Et ce n'était pas fini. En effet, des Français, les plus exposés, s'étaient réfugiés en famille chez des amis, ou dans des hôtels. Ces précautions élémentaires sont intolérables au colonel Cédile, puisque le 25 septembre il publie un "Avis à la population" :
« Les autorités françaises conseillent instamment à la population habitant le périmètre et ayant, en raison des circonstances, quitté leur domicile, de regagner le plus tôt possible leur maison, l'ordre étant rétabli et assuré. »
Et il ajoutait:
« La population françaises est instamment priée, pour des raisons de sécurité, de ne pas quitter le périmètre qui lui a été assigné. »
La sécurité était totale, foi de Cédile, ainsi comme à Varsovie, l'ordre régnait à Saïgon. Dans la nuit du 24 au 25 septembre c'est le cauchemar qui recommence, et de nombreux assassinats sont commis dans la ville. Les communications avec la cité Héraud sont coupées par les Viets, et au matin du 25 la cité est encerclée.
Un habitant de la cité, M. Margoël, réussit à demander du secours à la caserne du 11e Colonial . Hélas, le colonel Cédile avait formellement INTERDIT d'intervenir (18). Et le massacre peut commencer ; dès 7 heures ce ne sont que meurtres assaisonnés de tortures d'hommes, de femmes et des enfants laissés sans aucune défense. Plusieurs heures de martyre pour la cité, sans aucun secours du très gaulliste colonel Cédile. Il suffisait de peu : le capitaine Péricaud, officier courageux, sauva ainsi tous les habitants de sa rue, en désobéissant aux ordres reçus. Ce que ne firent pas un commissaire et un agent de police qui, eux le petit doigt sur la couture du pantalon, avaient cru le sinistre sbire de De Gaulle et n'avaient pas fait usage de leurs armes. Il furent torturés et massacrés avec femmes et enfants ; et les pauvres gens qui avaient cru trouver un refuge auprès de ces policiers périrent également. Malgré l'appel au secours dès 6 heures par M. Margoël, ce n'est que vers 11 heures seulement, que les secours arrivent. Les 5.000 militaires, dans leurs casernes à quelques centaines de mètres de là, avaient reçu des ordres, et c'est bien connu les ordres sont les ordres !
Bilan, près de deux cents français sont emmenés comme prisonniers et maltraités dans les conditions que l'on peut imaginer. La plupart d'entre eux disparaissent définitivement, et cent cinquante seront tués après d'affreuses tortures.
Mais comme le disait l'ancien de la 9e DIC "ce n'était que des blancs, riches ou ruinés, et souvent pleins de suffisance". Une cinquantaine réussira à trouver un refuge auprès des Ghurkas du général anglais Gracey ; une compagnie de soldats français n'obéissant pas aux ordres réussit à en recueillir quelques uns. Des soldats japonais (la plupart ont laissé faire les émeutiers) sauvant, eux aussi, quelques habitants.
Grâce (?) au colonel Cédile, dans les journées du 24, 25 et 26 septembre, dans la ville et ses environs et à la Cité Héraud, près de trois cents français avaient été ou enlevés, ou torturés, ou assassinés. La colère et la tristesse régnaient chez les Français. Ce n'était pas les sentiments dominants chez le colonel Cédile et ses collaborateurs. (19) Ceux-ci festoyaient, dans le palais du gouvernement général, en compagnie de prostituées, et menant grand tapage.
Et puis le 5 octobre, arrive à Saïgon le général Leclerc, que les Anglais laissent débarquer. Le Viet-Minh prend langue avec les Chinois et les Américains pour s'opposer à ce débarquement, mais les Américains pensent que cela est impossible sans heurt avec les Anglais. Leclerc ne trouve que de maigres effectifs français : le 11e RIC, mal armé et en mauvaise condition physique, et le 5e RIC. N'oublions pas que les Japonais sont "toujours" armés, les Anglais se trouvant dans l'incapacité de procéder au désarmement. Ce n'est que dans la journée du 11 octobre que le général Gracey, après l'assassinat d'un officier anglais, utilise la manière forte. Il était temps.
Leclerc, lui, s'adressant à la colonie française, prononce une allocution où il est question de reconquérir l'Indochine et la Cochinchine (20), cela demandera quelques semaines, voire quelques mois, tout au plus ! La population applaudit chaleureusement, mais n'en croit pas ses oreilles lorsque le général Leclerc fait l'éloge du colonel Cédile ! Un ange passe, que le général ne remarque pas, car le soir même, il réitère ses propos élogieux sur Cédile. Le général ignorait ce qui s'était passé, à Saïgon, quelques jours auparavant ! Tout ce que savait le général Leclerc, c'est que les Français s'étaient mal conduits, car s'adressant aux hommes rescapés des camps japonais:
« Messieurs, vous avez beaucoup à vous faire pardonner ! ».
 Quant à Cédile, il se fit accorder le titre de citoyen d'honneur de Saïgon, par un conseil municipal, qu'il avait lui-même mis en place. On n'est jamais si bien servi que par soi-même ! Un journal, sans doute ignorant des qualités du gaulliste de choc Cédile, émit la prétention de contester cette distinction: A la trappe, l'insolent !
Peu après l'amiral Thierry d'Argenlieu, fit son entrée, nommé haut-commissaire pour la zone Sud ; le comité formé par les veuves des victimes torturées et assassinées ne fut jamais reçu par cet étrange moine. Il ne pouvait être distrait de sa tâche qui était de mettre en place la politique, désastreuse, de son maître De Gaulle.
On en connaît les résultats !


Notes :

(1) Ce "capitaine" était un haut-employé des Terres Rouges;
(2) Le futur général Giap, raconté par le communiste Figuères, fit état d'une rencontre près de Cao-Bang, avec une unité française composée de cinq sections, et commandée par un colonel. ( « Je reviens du Viet Nam libre » ) ;
(3) De Gaulle souhaitait voir les troupes d'Indochine "repartir au combat" depuis des bases de jungle analogues à celles du Vercors ou de la Bretagne. Les Japonais ont pris les devants : exterminer les officiers, écraser la troupe. (Bergot) ;
(4) Ironie, le nom de code de l'alerte était Sarajévo ! ;
(5) Du 13 au 15 août 1945 s'était tenu le plenum du comité central qui avait décidé le soulèvement général contre les Japonais ;
(6) «A la barre de l'Indochine» ;
(7)
Alors que les Japonais avaient capitulé le 23/8/45, l'amiral prisonnier depuis le 9 mars, fut laissé sous la garde des Japonais, jusqu'au 1er octobre 1945 ! ;
(8) Il fut tué en 1952, au Cambodge, alors qu'il voyageait sous un déguisement ;
(9) Armée de Bourbaki, est un terme contesté par des Anciens du CLI. Le CLI était formé de légionnaires, de paras « coloniaux » et de paras de l'Aéronavale, ainsi que d'anciens FFI ; Leur armement, leurs équipements, etc, tout cela était fourni par du matériel anglais et américain. Voir * Mise au point.
(10) Ce qui n'empêche pas les militants CGT d'entraver leur départ et interpellent leurs camarades anciens FTPF et FFI, aux cris de de « Refusez d'aller combattre vos frères... ». Pour mémoire rappelons cette haine communiste envers les soldats français : « L'Office national d'hygiène avertit les donneurs de sang qu'en aucun cas leur sang ne servira aux blessés d'Indochine. » ;
(11) Connu également comme le Carme naval ! Il avait, selon ses proches, l'esprit le plus brillant du XIIe siècle . Hélas, pour l'Indochine, nous étions au milieu du XXe ! ;
(12) Douze soldats de la division Charlemagne passés par les armes, sans jugement ;
(13) Un coup de main anglo-gaulliste sur l'Indochine, était en préparation depuis 1940, par un membre de l'Intelligence Service, consul général d'Angleterre à Saïgon. En liaison avec un fonctionnaire, nommé Cazaux, franc-maçon, qui s'activa fort à la Libération sur l'épuration des fonctionnaires coloniaux ;
(14) "Le pavillon français sera bientôt dignement représenté dans notre possession d'extrême-orient. Un premier convoi composé de trois croiseurs et d'un transport de troupes est en instance de départ à Marseille, avec un contingent de 2.200 hommes du groupement de marche de la 2e DB." (La presse communiste 6/9/45) ;
(15) Admirez le style ! Ils contribuent à créer un périmètre de sécurité dans la ville et assurent une première protection des Européens, soumis journellement aux violences et aux manifestations [...] Mais ils ne peuvent MALHEUREUSEMENT pas empêcher le massacre de 200 français à la cité Héraud, dans des conditions atroces. (Le Mire) ;
(16) Alors ce fut un déchaînement. Tous les patriotes, tous les prisonniers politiques furent libérés des camps et des prisons et prirent enfin leur revanche. (Ngo-Van-Chieu) ;
(17) Il a toutes les ambitions / Il ne fait que des sottises. (Molière) ;
(18) L'Armée française consignée dans ses casernes, les Français d'Algérie, en juillet 1962, surtout à Oran, ont payé pour savoir ;
(19) Cédile avait auprès de lui, un certain Anthonioz, neveu de Qui-vous-savez ;
(20) La tactique pour certains chefs était simple : je divise l'Indochine en carrés, je ratisse le premier carré. Quand j'en ai chassé les Viets, je ratisse le second, et ainsi de suite jusqu'à la frontière chinoise Quand j'aurai ratissé tous les carrés il n'y aura plus de viet-minh. Manque de pot, les Viets n'étaient pas d'accord.


Matériel utilisé :
- R. Delpey, Soldats de la boue ;
- B. Fall, Guerres d'Indochine, Les deux Viet-Nam ;
- G. Dreyfus, Histoire de Vichy ;
- P. Sergent, Un étrange Monsieur Frey ;
- J. Doyon, Les soldats blancs d' Hô-Chi-Minh ;
- E. Bergot, Les héros oubliés ;
- Amiral Decoux, A la barre de l'Indochine ;
- Ngo-Van-Chieu, Journal d'un combattant Viet-Minh ;
- H. Le Mire, Guerre d'Indochine ;
- H. Navarre, Agonie de l'Indochine ;
- Pissardy, Paras d'Indochine ;
- Villemarest, Exploits et bavures de l'espionnage américain ;
- Historia, Le piège, 1945-1951 ;
- Ecrits de Paris, décembre 49, mai 58;
- P. Fontaine Le Crapouillot janvier 64.


(*) Mise au point :

Cher camarade,
J'ai lu avec attention et intérêt [Indochine sept. 45] Je conteste certains passages de ta critique de la « Voix du Combattant » sur l'Indochine.
Hugues Dalleau a certes écrit « Les militaires firent leur travail mais le nouveau commandement français gaspilla énergie, influence et autorité en débarquant avec ses à-priori métropolitains, c'est-à-dire en procédant à l'épuration des structures économiques et administratives en annihilant les hiérachies des valeurs » ; erreur certes mais qu'il faut remettre dans le contexte d'épuration du moment. Mais il avait écrit dans le chapitre précédent : « En août 1945, l'administration et l'encadrement français et indochinois décapités, internés, à tout le moins tenus à l’écart, les territoires d’Indochine avaient pratiquement été cédés par les Japonais, puis par les Alliés aux diverses factions anti-françaises du pays soutenues par les communistes, les visées néo-colonialistes des Chinois et les préjugés indépendantistes des Américains ».
Quant à la phrase de « l’ancien de la 9e DIC », « Blancs, riches ou ruinés, souvent plein de suffisance » tu fais de la désinformation en le sortant de son contexte pour la placer en justificatif des massacres de la cité Héraut.
Certes ses propos concernant les les blancs peuvent paraître un peu excessifs, mais ayant moi-même débarqué en 1945, j’avoue avoir ressenti un sentiment assez proche. Aucune chaleur, aucun accueil, on ne nous « voyait » pas.
Enfin je me porte en faux quant tu écris «  en métropole le gouvernement décide de former la 9e DIC, etc… ». La 9e DIC a participé au débarquement de 1944, constituée à la base de soldats africains, elle a été « blanchie » en automne 1944 par apport exclusif d’engagés de provenance peut-être des « maquisards inexpérimentés » comme tu le dis mais qui ont acquis leur expérience pendant la campagne d’Alsace et d’Allemagne, mais aussi d’engagés volontaires pour la durée de la guerre (qui à lépoque incluait le Japon).
Je trouve très péjoratif « ce n’était pas l’armée de Bourbaki mais peu s’en faut ». Et bien non, ce n’était pas l’armée de Bourbaki, mais un des fleurons sous les ordres du général Valluy, entièrement équipée par les américains et comprenant le 6e, le 21e, le 25e RIC, le RICM, le RACM, le 72e RG, etc…
Certes le matériel s’est usé au cours de la campagne mais c’est tout de même encore une belle unité qui débarqua en Indochine.
Tu auras compris que j’en faisais partie simple engagé, ni maquisard, ni communiste… simplement patriote, ce qui ne fut pas le cas de beaucoup de Français bien pensants…
Pour la petite histoire, j’ajouterai que la France étant exsangue, nous fûmes équipés en tenue coloniale par le stock de vêtements, casque colonial compris, de l’Afrika-korps, saisi en Tunisie !
Voilà ce que j’avais à te dire… après longue hésitation, car au-delà de cette divergence d’appréciation nos idées sont bien proches.
Bien cordialement,

René J…

Publié dans Indochine

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C
Trop difficile à lire, cette diatribe pleine de haine. Ce type se prend pour un vrai bon français. Mais, étranger, j'ai rare ment vus de bons français comme ca....!
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C
Bonjour, <br /> fils d'un ancien d'indo aujourd'hui décédé, je recherche des info sur ce qu'ont pu vivre les artilleurs du RACM entre 1945 et 1947. Je ne possède pas grand chose sur cette période de la vie de mon père.. Tout ce que je possède je 'lai mis en ligne sur un site dont voici le lien : http://le-racm-en-indochine-de-1945-a-1948.blogspot.fr/ . Il semblerait que Renè J ... dont vous publiez le courrier ait vécu cette histoire avec le RACM . Peut-être lui ferez vous part de mon appel ? Toute personne ayant des info peut me contacter à travaers mon site internet . Merci, en tous cas de nous faire partager votre point de vue. Cordialement <br /> Patrice C
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P
<br /> <br /> Bonjour, <br /> <br /> <br /> C'est par tout hasard que je suis allée trouver le net, afin de voir si le net connait  Monsieur Pericaud.<br /> <br /> <br /> En effet, c'est mon arrière grand père, et je suis heureuse de voir que certaines personnes n'ont pas oublié son nom et son acte héroïque que ma mère nous à décrit. Merci pour<br /> cet écrit, je vais l'imprimer et le donner à ma mère pour le rajouter à son livre.<br /> <br /> <br /> Cordialement Stéphanie<br /> <br /> <br /> <br />
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